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jeudi 25 août 2011

Du Chocolat

[image via Tartelette]

Il fut un temps où le chocolat était mon ami. Un ami idéal : ni trop présent (il me laissait vivre ma vie comme bon me semblait) ni trop effacé (il se rappelait de temps en temps à moi pour ne pas que je l'oublie).

Souvent, il se manifestait le soir, au dessert, pour terminer le repas sur une note douce. Contente de l'accueillir, je plongeais ma petite cuillère dans un petit pot à la crème chocolatée. Je me laissais alors lentement envahir par son goût si caractéristique de cacao sucré à l'amertume subtile, qui déclenchait immanquablement entre mes lèvres un feu d'artifice crépitant. Ma bouche s'emplissait de ces étincelles d'onctuosité et ma gorge se régalait de la douce descente des saveurs. La sensation de bien être, de journée qui s'achève sur une note gourmande et plaisante me satisfaisait.

Certains soirs, pour accentuer un peu plus la puissance de l'explosion en bouche, je m'appliquais à tremper dans la crème noire un palet breton. Ma gourmandise préférée au rayon biscuiterie. Ce croquant du biscuit qui s'émiette tendrement sur la langue, allié au fondant du dessert était pour moi l'équation parfaite avec laquelle aucun mathématicien ne pouvait se targuer de rivaliser. Un plaisir simple, en somme. Chaque foi, je sortais de table délicieusement légère.
Et puis un beau jour, j'ai pris mes distances.

"Il faut que tu fasses attention." "Regarde Marine, comme elle est jolie. Elle ne mange pas de crème au chocolat en fin de repas, elle."
Alors j'ai regardé d'un œil méfiant ce chocolat qui se disait être mon ami. Se pouvait-il qu'il me trahisse? Quelle confiance lui accorder?
Je me suis surveillée.
Un peu. Beaucoup. Passionnément? Je ne sais pas, mais à la folie, c'est certain.
Le chocolat n'était plus le bienvenu. Je me suis ordonnée de l'oublier, je m' en suis éloignée, lui imposant une barrière pour qu'il ne vienne pas m'importuner. Je ne le voulais plus comme ami.
Suis-je grosse à ce moment de l'histoire? Non. Suis-je mince? Non. Suis-je normale? Je ne sais pas. Est-ce que toi, tu es normale? Disons que je n'avais pas trop à me plaindre.

J'ai fait un long bout de chemin sans lui. Seule. Pendant 5 ans, pas une seule particule chocolatée n'aura passer la frontière de mes lèvres. Et tant d'autres.

Mais il me manquait. Je le sentais. Comme tous les amis fidèles, il n'est jamais vraiment parti. Il est resté mais s'est sagement tenu en retrait respectant mon désir de solitude. Puis, lorsqu'il a senti que cet isolement ne pouvait plus durer, lorsqu'il a compris que j'avais mal, il est revenu. Timidement, sans bruit. Pour ne pas m'effrayer.
Un soir, il s'est invité à ma table alors que je dinais à la crêperie. Sous la forme d'une crêpe nappée de chocolat . Un matin, en viennoiserie. Un autre jour, lors d'un déjeuner pour la fête des mères, il est apparu  en coulant chocolaté dévoilant à mes yeux et mes papilles son cœur fondant. Et chaque fois, quelles que furent ses formes, il me délivrait son feu d'artifice. Chaque explosion me ramenait un peu plus vers la vie. Chaque bouchée, chaque cuillerée me rendait l'amitié que je m'étais interdite.

Et avant-hier, le biscuit breton et la crème au chocolat se sont retrouvés. Pour la première fois depuis 5 ans.
Croquant et fondant pour me servir. Pour le meilleur. Le feu d'artifice fut grandiose.

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2 commentaires:

  1. Tout est bon, il suffit juste de ne pas aller dans les extrêmes :)
    Ton article m'a fait sourire en tout cas !


    Amicalement,


    Noé S.

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  2. 5 années sans chocolat, alors que plus je feuillette ton blog et plus je me rends compte qu'on semble avoir le même amour de la pitance.. Tous mes respects ! :)

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