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jeudi 11 décembre 2014

J'ai Arrêté De Courir


Je déteste me souvenir. Parce que se souvenir c'est déjà comprendre que quelque chose a existé. Au passé.
Mais je me souviens. Je ne peux pas m'en empêcher.

Comment à chaque pas tu t'arrêtais pour m'embrasser.
Comment à chaque pas tu t'arrêtais pour m'enlacer.
Ma mère et sa voiture, un soir tard.
Ton rire quand je suis arrivée chez toi ce soir là, à bout de souffle, parce que j'étais pressée d'être avec toi.
Le petit carnet bleu qui a commencé comme une blague et qu'on a fini par noircir de jolis mots.
La Bretagne et ses champs de maïs ?
Alabama Monroe, mes larmes, une cigarette et toi qui me prend dans tes bras.
Tes amis qui ne sont pas dans ta vie par hasard.
Nos sourires. Nos tendresses.

Et puis il y a eu ce moment où on est parti courir à Binic, sur la côte qui surplombe la mer.
Il faisait froid mais beau.
Le sentier n'était pas facile pour la course avec toutes ces pentes qui se succèdent les unes aux autres et la pluie qui a raviné la terre dans la nuit !
Et tout à coup, j'ai eu un frisson.
Je n'arrivais plus à courir, mon rythme n'était pas bon, mes pas ne me menaient nulle part.
C'est là que pour la toute première fois de ma vie, j'ai arrêté de courir.
J'ai abandonné parce que je n'y arrivais pas.
Je trouvais ça trop dur et regarde y a des cailloux on se fait plus mal qu'autre chose avec ce sentier ! Pars devant, moi je continue en marchant.
Je crois que c'est là que j'ai déjà compris, finalement.
Parce que jamais encore je n'avais interrompu un footing. Par pluie, par neige, en montagne, malade, pas malade, heureuse, malheureuse... J'ai toujours été au bout en puisant dans mes ressources pour y arriver. Sans jamais laisser tomber.

Alors oui, j'ai compris. Que ce moment faisait déjà parti de mes souvenirs.
Que les cailloux n'étaient peut être pas seulement présents sur ce sentier.

Et les larmes qui on laissé des traces sur mes joues ce dernier dimanche soir.
Ce goût salé qu'elles ont donné à ma salive.
Je les attendais depuis longtemps, finalement.
Et ce soir encore, elles brouillent ma vue et font trembler mes lèvres.

Où es-tu ?
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